Artisanat : L’art de vivre marocain séduit l’Allemagne



Une première. L’artisanat marocain est à l’honneur en Allemagne et pour plusieurs semaines. Du 2 février au 14 mars prochain, Berlin, capitale, ainsi que Munich et Hambourg vont être au contact direct avec l’art de vivre marocain. A Berlin, c’est une entrée en avant-première dans le tout prestigieux magasin Kadwe. L’opération a été initiée par la Maison de l’Artisan en collaboration avec l’ambassade du Maroc en Allemagne. «Elle s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie visant à introduire l’artisanat marocain dans les grands réseaux de distribution des pays ciblés», signale Abdelaziz Erommani, conseiller auprès du secrétariat d’Etat chargé de l’Artisanat. Pour concrétiser cette présence, un accord de partenariat a été conclu entre la Maison de l’Artisan et le groupe Kadwe. Le coup d’envoi officiel de cette action de vente et de promotion a été donné mercredi en début de soirée en présence du secrétaire d’Etat chargé de l’Artisanat, Anis Birou, et de l’ambassadeur du Maroc à Berlin, Rachad Bouhlal.
A Berlin, l’enseigne Kadwe est forte d’une surface de 6.000 m2, un choix de plus de 40.000 références et reçoit environ 50.000 visiteurs par jour, est-il signalé par la direction générale du groupe. Avec 8 étages de luxe dont la célèbre section «gourmet» qui propose un grand choix de produits du monde entier, le magasin Kadwe donne aussi sur le grand boulevard Kodam, artère particulièrement animée. Toutes les vitrines externes ont été vidées des articles de luxe, parfums de grandes marques et toilettes griffées pour faire place aux produits de l’artisanat marocain. Dans le grand hall commercial, de nombreux stands ont été montés avec un cachet architectural typiquement marocain. Au milieu, une fontaine décorée façon zellige que l’on retrouve à Fès, Marrakech attire une affluence toute particulière: des photographes et autres visiteurs. «C’est fantastique», s’exclame Elena, une jeune étudiante de 17 ans. «La mosaïque est éblouissante», constate Cristine, cette autre étudiante des beaux-arts, venue spécialement de Bonn pour contempler les artisans marocains à l’oeuvre.
Dans ce hall d’entrée, ce sont 500 m2 dédiés à l’exposition-vente de l’art de vivre marocain avec un agencement en quatre espaces : Kitchen, Hammam, home living et Deco. L’art de la table est mis en valeur dans le premier espace. Il offre divers articles utilisés pour la cuisine et service culinaire.
Tagines en céramique, théière en argent ou encore nappes brodées témoignent des plats gourmands et des tables soigneusement décorées. Pour approcher la cérémonie du Hammam dont les bienfaits contre le stress et la fatigue sont souvent évoqués comme un rituel, divers produits sont aussi proposés. Savon noir, argile, produits cosmétiques à base d’huile d’argan, de ghassoul, d’amande et de rose sont présentés à côté des peignoirs et serviettes de bain brodés. L’espace living propose, quant à lui, une large gamme de produits de décoration et d’ameublement.
On y trouve des luminaires en cuivre, des paravents en fer forgé, les tables en zellige, les bougies et photophores, les tapis et les poufs en cuir. Les accessoires modes ne sont pas en reste. L’espace Déco présente en effet toute une panoplie d’articles.
Bracelets en passementerie, porte- clés en bois sculpté, bijoux berbères en argent, ceintures en cuir ou encore la célèbre babouche marocaine sont entre autres produits que s’arrachent les acheteurs allemands et autres visiteurs du monde. En cette période qui coïncide avec la foire Fruit Logistica et la tenue du Festival international du film, tous les hôtels de Berlin affichent complet.
Pour rappel, Kadwe Berlin dénommé aussi le «Magasin de l’Occident» a été construit en 1907, et a grandement souffert de la Deuxième Guerre mondiale. Il a été reconstruit, selon une architecture moderne, en 1950. Occupant une superficie d’environ 6 ha, ce magasin draine une clientèle select d’Allemagne et du monde entier à la recherche de produits haut de gamme. Et, l’artisanat marocain fait figure de cette marchandise de qualité.

Rabat, capitale... technologique?

LA région de Rabat est à la recherche de sa nouvelle fonction dans l’échiquier économique national. Outre sa mission historique administrative et diplomatique, les responsables de cette agglomération explorent d’autres créneaux pour leur permettre de relever les défis de la mondialisation posés en termes de compétitivité économique et lutte contre le chômage. «En tant que première ville universitaire du pays, Rabat dispose de fortes potentialités pour devenir un grand pôle dans l’innovation technique, notamment pour les hautes technologies de l’information». Ce constat fait partie des conclusions du Schéma d’organisation fonctionnelle d’aménagement (SOFA) de la région de Rabat, élaboré par le bureau d’études Dirasset International. Le contenu de ce travail a été présenté aux responsables de la région, lundi dernier, par Félix Damette, représentant de ce cabinet. Pour ce dernier, cette nouvelle fonction s’inscrit bien dans l’optique du plan d’Emergence lancé par le gouvernement. Et d’ajouter que Rabat est la seule zone du pays qui dispose des potentialités humaines et d’infrastructures lui permettant d’aller plus loin dans la recherche technologique dans ce domaine. Mais la situation actuelle de l’agglomération sur le plan urbanistique et l’aménagement de l’espace ne le permettent pas, selon les conclusions du Sofa. Pour la capitale, pas de perspective de développement par manque du foncier. Alors qu’une extension vers Témara et Salé nécessite tout d’abord des opérations profondes de rurbanisation pour devenir de vraies villes. Pour Damette, la situation dans ces deux villes est très inquiétante, les contrastes sociaux sont patents en comparaison avec les conditions de vie dans la capitale. «Durant ces dernières décennies, Salé a joué le rôle de dortoir, de même pour Témara», explique Damette. Ce dernier recommande tout d’abord une nouvelle réorganisation de l’espace de la région pour aboutir à une intégration sociale et urbaine de l’ensemble de ses villes. Pour ce faire, le Sofa propose deux recommandations majeures. La première consiste en une mise à niveau profonde des villes de Salé et de Témara. «Pour les futurs investisseurs dans les domaines de hautes technologies, il faut leur offrir des terrains urbanisés et bien aménagés et non pas des champs de blé», souligne l’expert de Dirasset International. D’après ce dernier, le grand travail de restructuration urbaine doit s’effectuer à Salé. Pour cette ville, il est proposé l’ouverture d’une perspective de 4 km de long entre le quartier Tabriquet et Sidi Bouknadel. Le projet de cette perspective permet l’ouverture sur 70 m de large d’un mail allant de Salé Bettana à Al Brahma, en passant par Tabriquet. Au départ de cette perspective, le Sofa propose la réalisation d’un centre commercial et culturel. Au menu aussi, un grand centre administratif métropolitain organisé autour de la Grande place sur l’espace libre de Douar Djid (100 ha).
Dans une deuxième phase, ce centre pourra s’étendre jusqu’à la mer. Pour Témara, on prévoit également les mêmes équipements. «Mais tout cela a besoin pour bien fonctionner d’élaborer un plan de transport public lourd à l’horizon 2030», indique Damette. Sur ce volet, le Sofa propose la construction de deux lignes de tramway complétant le réseau prévu par le projet du Bouregreg. Dans ce cadre, on prévoit la construction d’une ligne reliant Témara à Salé parallèlement au littoral qui passera à proximité des centres de Rabat et Salé. «Ce réseau jouera un rôle important dans la conurbation et donnera de la souplesse au fonctionnement quotidien du marché du travail et dans l’amélioration de la qualité urbaine de l’agglomération», explique l’expert du cabinet international. A cela s’ajoutent les autobus qui joueront un rôle complémentaire au réseau du Tramway. Le but escompté est de ne laisser aucun quartier ni une zone d’urbanisation nouvelle à l’écart du système de transport en commun qui constitue le socle de l’intégration urbaine. Le Sofa ne s’est pas limité à faire des propositions de projets mais également leur financement et leur réalisation. Le coût avancé pour une décennie avoisine les 6 milliards de DH: 4 pour le transport et 2 pour la mise à niveau urbaine. «L’estimation est exacte, car le montant des marchés engagés par la ville dans ces deux secteurs depuis 2004 approche les 5 milliards de DH», précise Hassan Al Amrani, wali de la région.
Pour le financement de ces projets, le rôle de l’Etat ou ses organismes reste majeur. Mais il faut également rechercher d’autres sources comme la coopération internationale. Sur le plan opérationnel, l’équipe Damette insiste sur la création de nouveaux organismes institutionnels au niveau central et régional pour piloter ces projets. Il s’agit en particulier d’une agence foncière et un syndicat mixte pour permettre d’impliquer tous les acteurs concernés.
A noter que dans son approche, le Sofa a également abordé à un autre niveau les problématiques d’intégration d’autres villes de la région comme Kénitra et Khémisset.